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Publié par LeCoureurdeVin

Début février, l'Union des Grands Crus de Bordeaux était réunie au Petit Palais à Paris pour faire goûter le 2011 en bouteille. L'UGCB a beau faire les choses en grand, 2011 ne convainc que partiellement.

C'est dans le décorum fastueux du Petit Palais à Paris 8ème que l'UGCB accueille la presse et les professionnels pour goûter le millésime 2011 en bouteille. Rien à dire sur le décor : il est magnifique et en impose. Les verrières du Petit Palais sont baignées d'un soleil blanc d'hiver bien agréable.

Des Grands Crus bordelais pour mon petit palais

Comme il est difficile de tout goûter, sauf à vouloir jouer les marathoniens, on décide d'attaquer par la Rive Droite avec Saint-Emilion et Pomerol. On commence par se faire dépanner d'un stylo par Nicolas Thienpont qui présente le Château Pavie Macquin. Facétieux, il commence par nous expliquer que son assemblage 2011 est exceptionnelement syrah/mourvèdre avant de nous livrer les véritables proportions (84% merlot, 14% Cabernet Franc, 2% Cabernet Sauvignon). Le nez est riche et fruité. L'attaque en bouche est relativement acide puis devient très soyeuse. Un léger amer se fait sentir en fin de bouche.

Cette amertume en fin de bouche on l'aura sentie sur une majorité des vins rouges, de façon plus ou moins prononcée. Une grippe nous ayant gâché la vie précédemment, on s'est longtemps demandé si notre goût n'en était pas encore affecté. Si quasiment tous les producteurs nous ont expliqué que le millésime était formidable, quelques collègues nous ont confirmé que les maturités avaient été compliquées à obtenir, ce qui expliquait souvent ces arômes un peu herbacés ou amers. Il semblerait que ce jour là on y ait été particulièrement sensible, ce qui a sans doute biaiser notre dégustation.

 

Le bon chic bordelais consiste à assortir son velours côtelé à la mosaïque du sol

Le bon chic bordelais consiste à assortir son velours côtelé à la mosaïque du sol

2011 n'a pas été une année simple dans le bordelais. Et malgré des explications parfois alambiquées, le millésime nécessitait du doigté. Il ne fallait surtout pas chercher à extraire et les meilleurs ont accepté de faire des vins de peu de corps qui seront de consommation relativement rapide. Ceux qui ne l'ont pas accepté ont pris le risque de décupler cette amertume en forçant l'extraction ou d'écraser un jus délicat sous un boisé massif. Voilà ce que l'on nous a expliqué.

Du coup, très peu de vins nous ont vraiment emballé et on a souvent retrouvé une amertume trop marquée en finale, voir un boisé asséchant. Même si on sait que les vins viennent d'être mis en bouteille et que quelques mois de repos leur feront du bien, on n'est pas totalement persuadé qu'ils seront fantastiques une fois reposés. Evidemment, certains domaines sortent du lot.

 

 

C'est la journée du beau soleil et des beaux sourires. Ici Marie-Sophie Gauthier de Château Figeac.

C'est la journée du beau soleil et des beaux sourires. Ici Marie-Sophie Gauthier de Château Figeac.

Sur Saint-Emilion, Larcis-Ducasse (85% Merlot, 15% Cabernet Franc) s'est bien défendu. Nez et bouche sont soyeux. Le cru n'a manifestement pas cherché ce que le raisin ne pouvait lui donner. La bouche est souple et ronde et la finale plutôt plaisante. On a aussi aimé Château Figeac, bien défendu par Marie-Sophie Gauthier qui s'occupe du marketing. Le style souple de Figeac s'acclimate bien d'une années comme celle-là et le domaine a joué habilement le fruit et la finesse.

Du côté de Pomerol, on a rencontré Dany Roland qui présentait le Château Le Bon Pasteur (80% merlot, 20% Cabernet Franc), vin qu'on avait bu récemment sur le millésime 2002 et qui s'était avéré très plaisant. Là aussi le cru joue la carte des petits fruits rouges et de la souplesse. C'est cette carte qu'il fallait manifestement jouer et qu'on retrouve aussi chez Clinet.

Le sourire de Dany Roland et Le Bon Pasteur vous va au coeur

Le sourire de Dany Roland et Le Bon Pasteur vous va au coeur

On fait l'impasse sur Pessac-Leognan pour filer vers le Médoc. A Saint-Julien on goûte Gruaud Larose (59% Cabernet Sauvignon, 28% Merlot, 13% Cabernet Franc) ce qui nous permet de bénéficier des explications précises de David Launay sur l'importance qu'il y avait en 2011 de faire des cuvaisons courtes à températures faibles. Le nez est gourmand et rond, mais la bouche n'échappe pas totalement à cette pointe d'amertume en fin de bouche.

Finalement, le vin qui nous aura le plus séduit de tous ceux goûtés est le Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande (78% Cabernet Sauvignon, 12% Cabernet Franc, 8% Merlot, 2% Petit Verdot) qui a réduit sa proportion de merlot en 2011. Le nez est fruité et rond. La bouche est bien enrobée et offre une belle finale. Très réussi !

 

Le grand Eudes d'Orléans nous présente un grand Fargues

Le grand Eudes d'Orléans nous présente un grand Fargues

On a la bonne idée de conclure sur les liquoreux de Barsac et Sauternes pour qui 2011 est un excellent millésime. Quasiment toutes les propriétés ont récolté très rapidement et en septembre, ce qui est exceptionnellement précoce.

On fait la connaissance d'Eudes d'Orléans, très grand et à l'allure gaullienne. Il représente le fameux Château de Fargues, un très beau vin, au nez subtil et fleuri tandis que la bouche est fraîche et parfumée sans chercher la puissance. On retrouve Virginie Achou-Lepage chez Climens dont le vin s'exprime dans un style plus riche qu'on apprécie également. On retrouve aussi cette richesse chez Doisy-Daëne, le cru de la famille Dubourdieux, mais dans un style plus simple.

On ressort de ce magnifique Petit Palais satisfait mais sans être totalement transporté. Certes, 2011 a la lourde tâche de succéder à deux millésimes exceptionnels, ce qui ne l'avantage pas. Mais au-delà de la qualité du millésime, on regrette surtout que les bordelais, ivres de leur réussite et des emballements du marché chinois, n'aient pas eu le reflexe d'appuyer franchement sur le frein des prix au moment de la mise en marché. Les prix des 2011 ont évidemment baissés par rapport aux 2010, mais finalement assez peu. Du coup, 2011 se retrouve en concurrence avec 2008 et 2007, des millésimes plus ouverts, pas moins bons… et souvent nettement moins chers. Si les revendeurs veulent vendre 2011, il leur faudra sans doute faire preuve de pragmatisme sur les prix car le marché est devenu beaucoup plus sélectif qu'il y a deux ans...

2011 est un excellent millésime pour la téléphonie mobile même si certains continuent à parler à leur voisin...

2011 est un excellent millésime pour la téléphonie mobile même si certains continuent à parler à leur voisin...

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