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Publié par LeCoureurdeVin

Les Domaines Familiaux de Bourgogne recevaient lundi 25 mars aux Champs-Elysées. Une bonne occasion de faire honneur avec le doigt à Xi Jinping et de goûter d'excellents 2016 revenus de loin.

Attention : Ce texte contient de l'humour. Si tu ne comprends plus l'humour, va lire autre chose. Si tu veux te défouler en mettant des commentaires rageurs, va sur le Facebook de Nicolas de Rouyn, il adore la bagarre.

Les Domaines Familiaux de Bourgogne (avant on disait de tradition) c'est LA dégustation à laquelle le professionnel parisien veut assister. On se pousse du col, on joue de son influence, on monte sur ses ergots pour en être. Nous on fait des bisous à Jean-Louis Trapet et Fabienne Nicot grâce auxquels on en a été pour la première fois. Et on te prévient, cher lecteur, il est possible que désormais, bouffi de notre propre importance, on ne t'adresse plus la parole.

LES DOMAINES FAMILIAUX DE BOURGOGNE : LE TOP DE LA DÉGUSTATION

Pourquoi tant d'orgueil ? Tout simplement parce qu'il y a là 28 des meilleurs domaines bourguignons. C'est quasiment l'ancien régime, avec de la particule à chaque coin de table, et le meilleur du roturier qui se donne du mal. Et du mal ils s'en sont donné en 2016. Ouhlala, quel printemps pourri. On se rappelle encore de Vincent Dureuil, Pablo Chevrot, Sylvain Pataille, nous raconter, presque la larme à l'oeil, comment ils ont du abandonner leur certification bio en 2016 tant les éléments se sont acharnés sur eux.

Ça a commencé par deux petits matins frisquets de gel, les 27 et 28 avril, histoire de rappeler aux vignerons qu'il n'y a pas que les étés qui sont meurtriers. Et puis deux mois de pluie ont achevé de les convaincre qu'ils risquaient de ne plus avoir que leurs yeux pour pleurer, avec quelques bonnes attaques de mildiou au passage. Même le père de Jean-Louis Trapet (bisous) n'en revenait pas d'en voir sur le Chambertin.

Prudence Frédéric Lafarge, ce gars a de beaux yeux bleus, mais il travaille pour la RVF.

Prudence Frédéric Lafarge, ce gars a de beaux yeux bleus, mais il travaille pour la RVF.

Pour embobiner Manuel Peyrondet de Chai d'Oeuvre, il faut se lever de bonne heure. Les vins de Jean-Louis Trapet nous feraient plutôt lever de bonheur.

Pour embobiner Manuel Peyrondet de Chai d'Oeuvre, il faut se lever de bonne heure. Les vins de Jean-Louis Trapet nous feraient plutôt lever de bonheur.

Heureusement, l'été 2016 fut plus heureux que le printemps. Et Jean-Nicolas Meo qualifie même le millésime de solaire grâce à une jolie arrière saison, avec juste ce qu'il faut de pluie. Au final, ses vins font de 13,5 à 14 degrés d'alcool et il en est très content. On ne le contredit pas, lui pas plus que les autres, car ses 2016 sont effectivement très beaux. Un vrai millésime bourguignon, avec de la précision et du terroir dedans. La presse en a fait des tonnes sur 2015, un très beau millésime, mais vraiment solaire, très mûr. C'est délicieux, c'est généreux... mais c'est un peu tout pareil.

Là, 2016, c'est fin, c'est élégant, c'est profond. Chez les meilleurs, donc tous ceux qui étaient là, "C'est magnifique !", comme nous l'a lâché Anne Morey. Alors, évidemment, la médaille a son revers : les quantités sont réduites, pas les prix. Donc il faut les chercher minutieusement, et il ne faut pas culbuter en arrière si jamais tu ne gagnes que le smic. Gilet jaune passe ton chemin, pas la peine de briser les bouteilles de grand cru de rage, c'est pas pour toi, et puis c'est tout.

Anne Morey donne des explications à Pierre-Armand Blanco, un repris de justice qui est allé ouvrir le restaurant Harvest à Bruxelles. Il fait très bien le type concentré qui s'y connait.

Anne Morey donne des explications à Pierre-Armand Blanco, un repris de justice qui est allé ouvrir le restaurant Harvest à Bruxelles. Il fait très bien le type concentré qui s'y connait.

Photo volée (donc floue) de Cyrielle Rousseau, sorte de MacGyver de l'oenologie : sans chaussure, mais avec deux téléphones, elle essaie de savoir quel fromage Xi Jinping préfère avec son chambertin.

Photo volée (donc floue) de Cyrielle Rousseau, sorte de MacGyver de l'oenologie : sans chaussure, mais avec deux téléphones, elle essaie de savoir quel fromage Xi Jinping préfère avec son chambertin.

LE PODIUM DE COUREUR DE VIN, UN CLASSEMENT DE PORTÉE MONDIALE

3ème ex aequo 🥉

Le volnay premier cru Clos du Château des Ducs de Michel Lafarge. Un vin que le domaine égrappe intégralement à la main depuis ce millésime. Le nez est équilibré, fruité, et la bouche dans le même registre, élégante, soyeuse, avec cette délicatesse volnaysienne mais sans manquer de fond. En plus, à 110/120€, c'est presque cadeau.

Le pommard premier cru Rugiens-bas du Domaine de Montille. Un cru emblématique du domaine avec les fameuses argiles rouges ferrugineuses du bas des Rugiens. Le nez est compact, homogène. La bouche est "en même temps" (une marque déposée Macron Corporation Unlimited) élégante et structurée. Déjà plaisant, mais le sera aussi dans vingt ans. Pour 160/170€, il est à toi.

2ème 🥈

Le clos de la roche du domaine Armand Rousseau. On boit assez peu de clos de la roche (le prix de la bouteille représentant à peu près 300 ans de piges dans la presse), et ce fut une révélation lors de cette dégustation. Celui-là a un nez caressant, expressif, floral. La bouche est soyeuse, avec une jolie finale et juste ce qu'il faut de fermeté pour se dire que oui, quand même, c'est un grand cru. Ça vaut environ 600€, et beaucoup plus chez les escrocs. Oui c'est cher, c'est pas démocratique, mais c'est un grand cru, c'est pas fait pour.

1er 🏆

Le clos de la roche du Domaine Dujac. Notre premier vin "Wahou !" de la dégustation, avec Alec Seysses qui nous regardait les sourcils froncés. (Alec Seysses regarde beaucoup les gens les sourcils froncés). Un nez très présent, avec beaucoup de volume, de l'intensité. Une bouche trèèèès caressante, de la soie liquide. Comme une évidence. Un vin dingue dans sa jeunesses, tellement bon qu'il n'a pas d'âge et n'en aura jamais. Là, il faut débourser environ 500€, mais Jérémy Seysses nous susurre dans l'oreillette que ça devrait être 200. C'était sans compter sur la loi du marché, celle des charognards de la rareté. Alors, évidemment, à ce prix là, toi tu te tâtes, et c'est encore les chinois qui vont tout boire. Ils ne se tâtent pas les chinois, quand c'est trop bon, ils foncent.

Les frères Seysses. À droite c'est Jérémy qui a fait la Poudlard Academy et à gauche c'est Alec  qui, très exceptionnellement, fait une sorte de demi-sourire. (sinon il fronce les sourcils)

Les frères Seysses. À droite c'est Jérémy qui a fait la Poudlard Academy et à gauche c'est Alec qui, très exceptionnellement, fait une sorte de demi-sourire. (sinon il fronce les sourcils)

Évidemment, on entend les déçus ronchonner : "Et moi alors, pourquoi je ne suis pas sur le podium ? Pourquoi je ne suis pas cité ?".  Et bien tout simplement parce qu'on ne peut pas citer tout le monde.

On ne cite pas Cécile Tremblay (bisous) et Jean-Yves Bizot (bisous bisous)... parce qu'ils ne font pas partie des Domaines Familiaux de Bourgogne. Sans doute à cause de leur petit côté punk à chien no future. On ne cite pas le Domaine Marquis d'Angerville ou le Domaine Jacques-Frédéric Mugnier parce que ce qu'ils ont fait en 2016 c'est très bon et ça sera encore meilleur dans dix ans. On ne cite pas le Domaine Trapet Père & Fils (bisous) et le Domaine Jean Grivot parce que ce qu'ils font en général c'est très bon et il ne faut pas que ça se sache. On ne cite pas le Domaine Raveneau et le Domaine Leflaive parce qu'ils font du blanc et qu'on est pour la discrimination. On ne cite pas non plus le Domaine Joseph Drouhin et le Domaine Faiveley parce que ce sont des négociants et que tout le monde sait que les négociants sont méchants.

Chez Faiveley ils font mine d'avoir du travail car ils ont repéré un de ces blogueurs à grande bouche dont le monde entier se passerait bien (contrairement à leurs vins)

Chez Faiveley ils font mine d'avoir du travail car ils ont repéré un de ces blogueurs à grande bouche dont le monde entier se passerait bien (contrairement à leurs vins)

Casse ta tirelire, liquide ton PEL, vend ton appartement, et achète-toi quelques grands bourgognes 2016

Le Coureur de Vin

TOUT LE MONDE A GAGNÉ

Bref, on ne cite pas tout le monde... parce que tout le monde a gagné, comme chez Jacques Martin. 2016 c'est vraiment de la bombe. Les vignerons ont beaucoup pleuré sur leurs raisins gelés, grêlés, mildiousés, mais au final ils n'ont pas bataillé pour rien. Certes, au niveau de toute la Bourgogne, c'est un millésime moins homogène que 2015. Mais quand c'est réussi, et là ça l'était, c'est vraiment très bon.

Donc un conseil, casse ta tirelire, liquide ton PEL, vend ton appartement, de toute façon la crise de la dette va tout liquider dans les deux ans, et achète-toi quelques grands bourgognes 2016. Quand les vents mauvais du populisme et de la crise économique viendront souffler sur l'Europe, tu pourras toujours boire un coup en te disant "Voilà, c'est ça la France, quelques gouttes de talent dans un océan de désordre". Tu verseras une larme sur ton pays en ruines, mais tu continueras à croire en l'avenir.

Les vignerons repartent à pied car Xi Jinping a fait fermer les Champs-Elysées et ses métros. Mais n'insultons pas l'avenir en manquant de respect à Xi, même s'il nous a bien cassé les pieds.

Les vignerons repartent à pied car Xi Jinping a fait fermer les Champs-Elysées et ses métros. Mais n'insultons pas l'avenir en manquant de respect à Xi, même s'il nous a bien cassé les pieds.

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