750 grammes
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Publié par LeCoureurdeVin

Écrire sur le vin c'est bien. Mettre les mains dedans c'est mieux. C'est ce qu'on s'est dit et ça nous a donné l'occasion d'aller faire nos premières vendanges. Pour de vrai. Pas juste une heure avant d'aller "déjeuner de presse" avec le vigneron. 6 jours de vrai travail au Domaine Georges Noëllat à Vosne-Romanée pour voir concrètement comment ça se passe.

 

Le jeune Maxime Cheurlin, en charge du domaine, aime bien le vin aussi

Le jeune Maxime Cheurlin, en charge du domaine, aime bien le vin aussi

On connait un peu Maxime Cheurlin, qui a pris la direction du Domaine Georges Noëllat à Vosne-Romanée en 2010. Comme c'est une appellation qu'on apprécie, on est allé le voir dès qu'on a entendu parler de lui. Et comme il est accueillant, du haut de ses 22 ans, et qu'on n'est pas bégueule, on s'est bien entendu. Du coup, quand Pierre Breton (Bourgueil) nous a ouvert les yeux cet été sur le fait qu'il serait temps pour nous de participer aux vendanges, c'est à Maxime qu'on a pensé en premier. Coup de fil. "Salut, j'aimerais faire les vendanges". "Pas de problème, on commence le 17 septembre". Et voilà, c'était réglé. Plus simple on ne peut pas.

 

Le jour se lève sur Vosne-Romanée

Le jour se lève sur Vosne-Romanée

Comme notre immersion était à vocation éducative, on a bienveillament été placé en cuverie, à la table de tri. Pas le boulot le plus harassant physiquement, mais celui qui permet de tout voir et d'être là où ça se passe. Il ne faut quand même pas croire qu'on s'y repose. Trier n'est pas à proprement un boulot physique mais demande de la concentration. Quand vous passez plusieurs heures à regarder passer les raisins, appuyé sur une table vibrante, vous finissez par en voir défiler la nuit, dans vos rêves. Quand vous n'avez pas carrément les membres qui s'agitent tout seul, résurgence de ces quelques heures de vibrations.

La nuit on s'est mis à faire des rêves bizarres avec des raisins partout

La nuit on s'est mis à faire des rêves bizarres avec des raisins partout

Mais trier est stratégique. D'une part parce qu'on voit passer toute la récolte. C'est essentiel pour se familiariser avec le raisin. On voit le beau, le moins beau. Et d'ailleurs, pour ménager ceux qui seraient tentés de ne pas aller au bout de cet article : OUI, 2014, C'EST BEAU ! En Côtes de Nuits en tous cas. Il y a de la quantité pour la première fois depuis 4 ans et les raisins sont de qualité. Certes, il a fallu composer avec une nouvelle venue, la drosophile suzukii, un micro-moucheron venu d'Asie et qui pique les baies, les faisant pourrir. C'est inratable. Les grappes touchées virent au rosâtre et se mettent à sentir le vinaigre de façon extrêmement démonstrative. On coupe dans la grappe quand on peut et sinon on jette tout. Mais à part ce nouvel ennemi sur quelques parcelles, la récolte était belle. Donc en 2014 il y aura du bon vin en Côtes de Nuits et en quantité suffisante pour que tout le monde soit correctement servi. Pour les prix, on verra bien. Il faudrait sans doute encore une ou deux autres récoltes comme celle là pour que la pression tarifaire sur les vins de Bourgogne se détende significativement.

Le tri pour les nuls (et en images)

De jeunes éphèbes déversent les grappes sur la double table de tri ou d'autres éphèbes (et des nubiles aussi) les trient avant qu'ils ne tombent dans un égrappoir puis dans une girafe puis dans une cuve.

 

Du raisin sur les mains Episode 1
Du raisin sur les mains Episode 1

Mais reprenons. La table de tri est un lieu stratégique. On y voit toute la récolte. On y croise aussi les amis et autres business partners qui passent. Dans le cas présent on y a croisé les Frères Cavin, qui ont repris l'affaire de tonnellerie créée par leur père et qui fournissent le domaine Georges Noëllat pour partie. Quelques journalistes passent aussi le nez, faisant leur ronde d'un domaine à l'autre. Et puis Dominique, l'agent commercial parisien qui représente le domaine et aime les produits qu'il vend (et vend les produits qu'il aime). On a aussi pas mal vu Benoît Lecat, belge jovial (pléonasme) et prof à l'ESC Dijon, ainsi que Peer Reiss, allemand discret qui bosse chez Meo-Camuzet et passait dire bonsoir après dîner.

 

Les vendanges c'est un peu la Fashion Week du vin : tout le monde défile !
Les vendanges c'est un peu la Fashion Week du vin : tout le monde défile !

Les vendanges c'est un peu la Fashion Week du vin : tout le monde défile !

On peut aussi observer tout ce qui se passe en cuverie. Et ça n'est pas l'activité qui manque à cette époque là. Car ne croyez pas qu'on reste bêtement planté à la table de tri, sécateur en main, à jeter tout ce qui est indigne de finir en bouteille. A chaque changement de cuve il faut déplacer le matériel. On démonte tout, la girafe (sorte d'escalator à raisin qui permet de le monter dans les cuves), l'égrappoir (sorte de tambour de machine à laver qui sépare les baies des rafles) et les deux tables de tri en enfilade. Quelques tonnes de matériel à déplacer régulièrement et à réinstaller, histoire de se refaire une silhouette.

 

Et quand tu auras fini de jouer avec le Kärcher tu passeras un coup de balais, merci.

Et quand tu auras fini de jouer avec le Kärcher tu passeras un coup de balais, merci.

Mais ça n'est pas tout. Car quand le tracteur qui apporte les caisses de raisins arrive, il faut le décharger. Quand elles sont un peu trop remplies, ça arrive, elles peuvent peser plusieurs dizaines de kilos. On les descend du tracteur pour les empiler sur des palettes qu'on amène jusqu'à la table de tri. Là, deux costauds, Djilali le sage et Laurent le rigolo, les empilent à nouveau devant la première table de tri située en surplomb de la deuxième. Il faut déverser le raisin, retirer les feuilles, aller poser les caisses vides un peu plus loin, et revenir pour recommencer. Pour l'avoir fait pendant quelques heures on peut vous le dire : c'est crevant. Même en s'empiffrant aux repas, à ce rythme là, on est sûr de perdre quelques centaines de grammes par jour.

 

"Dites-donc les garçons, vous n'allez pas me laisser traîner tout ce gourbi au milieu de la cour !? Allez hop, portez moi tout ça à l'intérieur !"

"Dites-donc les garçons, vous n'allez pas me laisser traîner tout ce gourbi au milieu de la cour !? Allez hop, portez moi tout ça à l'intérieur !"

Et après, c'est pas fini, quand tout le raisin est arrivé et a été trié, il faut aussi laver les caisses vides dans une machine spécialement destinée à cette usage et les empiler par 3 pour qu'elles repartent dans les vignes. Certes il y a des pauses en fonction de l'activité des coupeurs, mais on finit aussi plus tard. Les coupeurs arrêtent à 17H30. Les derniers raisins arrivent vers 18H00. On finit de les trier vers 19H00. Il faut alors tout démonter, tout laver, tout ranger. Il est facile 20H00. On dîne avec plaisir (vive le cuistot) et on va se coucher en se disant que, finalement, la vie de bureau c'est peinard.

 

Et quand y'en a plus y'en a encore : il faut constamment bouger les tuyaux de refroidissement pour la macération préfermentaire à froid

Et quand y'en a plus y'en a encore : il faut constamment bouger les tuyaux de refroidissement pour la macération préfermentaire à froid

La semaine prochaine on vous en dira plus sur l'équipe qui est dans les vignes et l'aventure humaine que représente les vendanges. Il y aura de l'émotion et des chansons. On se quitte sur une petite série de "Eh, Oh, le parisien, t'arrête de nous emmerder avec tes photos !!!"

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 1 : Le père !

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 1 : Le père !

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 2 : La stagiaire !

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 2 : La stagiaire !

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 3 : la soeur ! (bon bein voilà, je crois que je me suis bien grillé avec tout le monde)

T'arrête de nous emmerder avec tes photos 3 : la soeur ! (bon bein voilà, je crois que je me suis bien grillé avec tout le monde)

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