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Publié par LeCoureurdeVin

Deuxième partie de notre visite à Lausanne et dans le vignoble de Lavaux où règnent les vins blancs à base de chasselas. On visite le Domaine du Burignon, qui appartient à la ville, et le Domaine Bovard situé à Cully. Puis on boit un coup en ville au Midi 20 et on repart.

Quelques points de repères pour bien commencer

A l'est de Lausanne, au bord du Lac Léman, le Grand Cru Dézaley et Saint-Saphorin

A l'est de Lausanne, au bord du Lac Léman, le Grand Cru Dézaley et Saint-Saphorin

Au deuxième jour de notre séjour, on rend visite à Luc Dubouloz et sa femme Anne Bussy. Luc est le vigneron-tâcheron qui s’occupe du Domaine du Burignon à Saint Saphorin, à une dizaine de kilomètres de Lausanne, juste avant d'arriver à Vevey. Luc est une mine d’information précieuse sur le domaine qu’il gère pour la ville et l’évolution de la viticulture dans la région. Le chasselas, qui représente 85% de la production du Burignon, est un cépage très productif dont il faut savoir domestiquer les rendements. Sa sensibilité à l’oïdium et au botrytis impose une grande vigilance et pas mal de traitements. Naturellement faible en degré, il nécessite souvent une chaptalisation (ajout de sucre). Mais il s’avère être un excellent révélateur du terroir quand il est bien mené.

 

Luc Dubouloz sur la terrasse du domaine du Burignon

Luc Dubouloz sur la terrasse du domaine du Burignon

On goûte notamment le parcélaire Les Roches Plates 2012, un des quatre chasselas produit par le domaine. Le nez est glycériné et la bouche ronde et gourmande. Mais la fin de bouche est très saline ce qui rend le vin rafraichissant. Tandis que Luc nous explique la volonté de montée en gamme du domaine on goûte un Dézaley Grand Cru Clos des Moines 2012. Le nez sur le beurre et l’amande laisse place à une bouche presque pétillante d’une belle profondeur et sur une finale également saline. On descend ensuite au carnotzet, nom local qu’on donne au caveau de dégustation, une petite salle recouverte de boiseries et dessins pittoresques, sorte de temple du vin. Mais l’heure tourne et on ne peut malheureusement pas s’attarder sur les vieux millésimes, comme ce Saint-Saphorin 1976 pourtant très riche et complexe.

Les nouvelles étiquettes très graphiques des vins de Lausanne

Les nouvelles étiquettes très graphiques des vins de Lausanne

On se presse dans le carnotzet mais malheureusement le temps presse lui aussi

On se presse dans le carnotzet mais malheureusement le temps presse lui aussi

On enchaîne avec une rencontre au Domaine Bovard, à Cully, dans une belle bâtisse ancienne au bord du lac. Louis-Philippe Bovard, 80 ans cette année, dirige le domaine d’une main qu’on devine de fer. Bel homme qui impose le respect, il nous explique son vignoble et nous fait visiter ses installations sans qu’il nous vienne à l’idée de l’interrompre. Il faut dire que ses explications sont limpides. La région a trois particularités climatiques qui sont 1) le lac qui apporte une régulation thermique, 2) l’orientation sud/sud-ouest pour une bonne maturité (avec des décalages) et 3) un dénivelé de 250 mètres entre le haut et le bas. Les vignerons de Côte-Rôtie ne seraient pas dépaysés par la pente !

Lavaux sur la montagne (suisse) : Les domaines.

Louis-Philippe Bovard nous raconte l’histoire de ce domaine familial qu’il dirige depuis 30 ans, après une carrière dans le privé. Il s’est beaucoup inspiré des vignerons français rencontrés pour faire progresser ses vins et on devine qu’il a été moteur dans la région. D’ailleurs l’homme est insatiable et continue ses expérimentations sur les cépages et les porte-greffes.

On goûte une bonne partie de la gamme du domaine, et notamment la fameuse Médinette avec son étiquette emblématique : l'ancêtre Albert Bovard en tenue de léopard à la fameuse fête des vignerons de Vevey en 1905 (la prochaine édition de cette fête gigantesque qui a lieu environ tous les 20 ans aura lieu en 2019). Dans ce grand cru Dézaley goûté sur 2007 et 2002 on retrouve cette richesse gourmande et cette finale saline qui nous semblent être la signature des vins blancs de la région. Mais on retient également le plus simple Ilex, Calamin Grand Cru, 2012, qui allie la fraîcheur d'un vin sans fermentation malolactique tout en gardant la rondeur fruitée très caressante du chasselas.

Lavaux sur la montagne (suisse) : Les domaines.

La Maison Bovard est assurément une des valeurs sûres du canton. On serait bien resté plus longtemps avec cet homme passionné et dynamique. On comprend presque à demi-mot qu’il regrette que ni ses filles ni ses petits-enfants (trop jeunes pour le moment) ne partagent sa passion. Il a du assurer la pérennité du domaine par le biais d’une fondation. En même temps, vu l’autorité qu'il dégage, on se demande si quelqu’un aurait pu trouver sa place à ses côtés. Lui-même avait dû attendre la quarantaine pour revenir au domaine où son père régnait en maître. Reste que depuis 2013 c'est Caspard Eugster, jeune ingénieur agronome suisse, qui vignifie les vins du domaine après une première expérience en Argentine.

Un souvenir croisé au détour d'un couloir

Un souvenir croisé au détour d'un couloir

Lavaux sur la montagne (suisse) : Les domaines.

Après ce tour bucolique dans les paysages du Lavaux, un cadre vraiment magnifique que la nature a bien voulu inonder de soleil en ce jour froid d’hiver, on retourne en ville pour une dernière dégustation au bar à vin Midi 20 (sur la vitrine duquel est inscrit "Vins à l'emporter", du parler local pour dire qu'on peut repartir avec sa bouteille).

C’est Pierre Thomas qui nous reçoit. Journaliste spécialisé et figure locale, il a monté ce bar avec une douzaine d’actionnaires issus de l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Lui aussi peut se montrer autoritaire, n’hésitant pas à recadrer ceux qui papotent derrière pendant sa présentation. Mais il fait aussi autorité sur son sujet. Il parle avec minutie des vins qu'il nous fait découvrir et s'implique beaucoup dans la vie vinicole locale, notamment à travers l’association Mémoire des Vins Suisses.

Pierre Thomas nous présente sa selection dans le cadre convivial du Midi 20

Pierre Thomas nous présente sa selection dans le cadre convivial du Midi 20

On goûte 4 vins, et notamment deux rouges. Un Opus 41 de Christian Dugon, soit un 100% Mara, cépage autochtone comme les Suisses les affectionnent. On dirait du merlot, avec ce côté très ample en bouche, alors que c’est un nouveau croisement de gamay et de reichensteiner (vous sortez ça à une dégustation et vous passez pour une encyclopédie du vin).

On goûte également le 1807 Rouge de Martial Neyroud installé à Blonay, entre Vevey et Montreux. Cet assemblage de malbec, gamaret et garanoir s’avère assez déconcertant. Assez acide en attaque, il s’assouplit en milieu de bouche pour finir sur la richesse avec une finale amère. Un vin singulier, représentatif des vins rares et originaux de la région.

Le vin rouge, moins typique dans le canton de Vaud, tend à se développer

Le vin rouge, moins typique dans le canton de Vaud, tend à se développer

On repart heureux de ce « Lausanne Wine Tour 2013 ». On ne saurait vous dire à quel point on apprécie cette région pour avoir passé de nombreuses vacances du côté de Montreux. Si les vaudois sont des suisses un peu trop décontractés pour leurs homologues des cantons germaniques, ils restent plus sérieux et civiques que n’importe quel Français mais gardent ce contact chaleureux et simple qu’on apprécie. Allez-y, on est sûr que vous y serez bien reçus.

Si vous aimez le vin blanc, vous serez quasiment au paradis, d’autant que le vaudois a le coup de blanc facile. Si vous aimez le vin rouge, vous y ferez des découvertes (et pour les amateurs de pinot noir goutez ceux du Valais et des Grisons). Si vous aimez les liquoreux, ils ont quelques trésors comme ceux de Marie-Thérèse Chappaz ou L’Ambre de Christophe Abbet (des valaisans, certes, mais c’est pas loin).

Et si vous bossez dans le vin le Vinocamp Lausanne les 22/23 mars et la Digital Wine Communication Conference de Montreux du 31 octobre au 2 novembre sont également d’excellents prétextes pour aller là-bas en 2014.

Voilà, en ce qui nous concerne, Lausanne 2013 c'était...

Lavaux sur la montagne (suisse) : Les domaines.
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C
Félicitations :<br /> <br /> Peu de temps pour découvrir une partie d'un très beau vignoble.<br /> <br /> J'attends de pied ferme le &quot;coureur de vins&quot; dans la région de la Riviera et du Chablais ...toujours vaudois.<br /> <br /> Pourquoi pas aussi goûter quelques chasselas plus anciens. C'est étonnant comme ils se conservent !<br /> <br /> <br /> Abientôt, Cher Coureur... de vins
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C
C'est vrai que 2 jours c'est court. Il reste plus à voir qu'on a vu. Mais on sait qu'on aura l'occasion de revenir... :-)<br /> On a eu l'occasion de déguster 2 vieux millésimes au Domaine du Burignon : un 1981 et un 1976. 81 était plus fringuant que 76, mais les 2 présentaient une évolution très intéressante. Comme quoi les anciens ont toujours des histoires à raconter...