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Publié par LeCoureurdeVin

Le prix du vin est une de nos marottes. En attendant de pouvoir vous en causer longuement, on a croisé ce matin une vitrine de "cave à vins" (c'est marqué dessus) qui nous a donné envie de vous en toucher un mot, comme ça, en courant.

On se donne beaucoup de mal pour vous trouver des illustrations de qualité

On se donne beaucoup de mal pour vous trouver des illustrations de qualité

En cheminant de bon matin, on passe donc devant une des innombrables "caves à manger" qui pullulent à Paris. Ces lieux conviviaux vous proposent de repartir avec votre bouteille où de lui casser instantanément la gueule sur place avec une planche de charcuteries ou de légumes. Parfois on vous donne même le nom du cochon qui a servi à fabriquer vos rondelles de saucisson, ou le nom du type qui a cueilli vos radis, histoire d'en faire des tonnes sur l'air de "Ah qu'ils sont bons les bons produits de nos bons terroirs".

Reste qu'en ce matin frais, la boutique est fermée et l'on doit se contenter de sa vitrine. On y repère un sympathique bourgogne blanc 2011 du très réputé Jean-Marc Roulot. Sans aucun doute l'un des meilleurs vignerons de Meursault et assurément un grand styliste du chardonnay. Et là, évidemment, ce qui nous interpelle c'est le prix, directement écrit sur la bouteille : 36 Euros ! BIM !

Le prix du vin, c'est comme le Port-Salut, c'est écrit dessus

Le prix du vin, c'est comme le Port-Salut, c'est écrit dessus

On parle là d'un Bourgogne générique, c'est à dire l'appellation régionale qui est le premier étage de la classification des vins de Bourgogne (pour les mauvais élèves, quarté dans l'ordre : appellations régionales, villages, premiers crus et grands crus). Ce simple Bourgogne est donc une entrée de gamme… à 36 Euros !

Alors oui, on sait, blablabla, Roulot, génie, grands vins, chinois, exceptera… On sait ! Mais quand même. Et dire qu'on râlait il y a peu que les Bourgognes "Bourgogne" d'Anne Gros ou de Cécile Tremblay n'allaient pas tarder à percer le plafond des 30 Euros. Là c'est fait. Et allègrement. On n'ose même pas imaginer le prix des Meursaults...

Evidemment, pour ne pas être totalement de mauvaise foi, on rappelle que l'établissement est une cave à manger à la tarification un peu particulière. Si tu restes déjeuner, que tu chantes et que tu ris jusqu'au bout de l'après-midi, c'est 36 Euros, donc pas cher par rapport aux coefficients multiplicateurs généralement en vigueur dans la restauration. Mais si tu repars avec ta bouteille, comme chez un caviste classique… c'est 36 Euros aussi. Et là, du coup, ça nous coupe l'envie de chanter.

Ah qu'on est bien dans les Caves à Vin ! (et devant aussi)

Ah qu'on est bien dans les Caves à Vin ! (et devant aussi)

Il suffit d'effectuer quelques recherches pour se rendre compte que le même vin est vendu à des prix très différents. Un professionnel de Lorraine le propose par exemple à 18,90€ TTC. Vous allez me dire, pour aller acheter une bouteille, ça fait loin. Mais on est aussi très loin de nos 36 Euros "de proximité". Un caviste en Champagne le propose lui à 23,50€ TTC. Bon, du coup, il n'en a plus. Un autre caviste de Bourgogne, qui travaille beaucoup par Internet, le propose à 27 Euros. Là il en reste, mais plus beaucoup.

Au final, on a 4 prix très différents, qui vont du simple au double. Fâcheux ! Et même si on exclu notre caviste/restaurateur et sa tarification particulière, on fait quand même le grand écart entre 18,90 et 27 Euros (on vous épargne les 28,5€ et 30€ relevés dans le 75008).

Pas facile de trouver le juste prix !

Pas facile de trouver le juste prix !

Tout ça pose 3 questions :

  1. "Le bon vin (de Bourgogne) est-il trop cher ?". Question qui a l'air simple posée comme ça, mais qui est complexe. On y reviendra. Pour le mauvais vin on ne se pose pas la question : il est toujours trop cher !
  2. "Quel est le vrai prix du vin ?". Et ça on ne sait pas. Là aussi c'est assez compliqué. Si la fourchette de prix à la propriété est normalement assez restreinte, ensuite le marché fait son marché. Et on se retrouve souvent avec des écarts de prix colossaux, surtout sur les vins convoités.
  3. "Les cavistes parisiens se foutent-ils du monde ?". En la posant, on sait qu'on prend le risque de se faire mal voir, y compris de ceux qu'on aime et qu'on fréquente régulièrement. On le sait bien pourtant : Paris c'est cher ! On y vit. Et c'est évident que les loyers, les coûts de stockage, de transport, y sont plus élevés qu'ailleurs. Mais il est également vrai que, comme dans toute ville capitale, il y a du pouvoir d'achat. On peut donc indexer les prix sur le portefeuille de la clientèle. Ca serait quand même dommage de lâcher du Roulot à prix copain si un avocat d'affaires ou un Chinois illuminé venait à franchir le seuil de la boutique. Le péquin lambda n'aura qu'à aller en Lorraine. Mais là aussi, question simple, réponse compliquée. Car pour le caviste parisien qui n'a que 6 bouteilles par an d'une référence rare (ça arrive) alors qu'il pourrait en vendre 60 ou 600, il faut bien trouver un moyen de réguler son marché.
Pour faire sérieux quand on parle d'économie, ne jamais hésiter à mettre un graphique

Pour faire sérieux quand on parle d'économie, ne jamais hésiter à mettre un graphique

Voilà, au final, ça fait beaucoup de questions. Et surtout beaucoup de réponses possibles. On pourrait presque organiser un colloque. Sans aller jusque là, on posera quand même la question à des vignerons et à des cavistes pour qu'ils nous donnent des éléments de réponses.

Mais pour faire simple, et pour conclure, le Bourgogne 2011 de Roulot c'est certainement très bon ("le meilleur bourgogne blanc de nos dégustations" disent Bettane & Desseauve), on en boira peut-être une si on revient déjeuner, mais à 36 Euros on ne risque pas de rapporter celle-là à la maison...

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